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Sœurs du Saint-Cœur de Marie

5. Le Cœur de Marie

Je crois que, d’après saint Luc, on peut dire que l’activité de la mémoire est spécifiquement maternelle et féminine. La mère est celle qui pendant neuf mois porte l’enfant en elle, qui le sent vivre dans son propre corps. La trace de l’enfant même après qu’il est né est charnelle en elle. Et quand l’enfant est né, quand l’enfant s’est séparé du corps de sa mère, la mère se souvient toujours à partir de cette trace charnelle qu’il a laissée dans son propre corps ; le souvenir de l’enfant pour la mère est un souvenir vraiment corporel, c’est un souvenir qui n’est pas seulement un souvenir de la pensée, ni même un souvenir du cœur, de l’affectivité comme cela peut être pour l’homme, mais c’est un souvenir qui est inscrit encore beaucoup plus dans la chair et elle pense à son enfant à partir de la demeure charnelle que l’enfant a eue en elle-même. Saint Luc nous a raconté cela de la Vierge Marie, comment la Vierge a conçu l’enfant en elle-même ; l’a conçu à la fois dans son cœur et dans son corps, dans son âme et dans son corps, comment elle l’a porté, comment elle l’a mis au monde. C’est à partir de là que alors elle se souvient et si nous voyons cela nous pouvons mieux comprendre pourquoi l’activité du souvenir et de la mémoire de Jésus est d’abord attribuée par saint Luc à celle qui a été charnellement sa mère. Et nous pouvons faire un certain parallèle entre les premiers chapitres de l’Évangile de saint Luc où la Vierge conçoit son enfant, le porte et puis le met au monde et les derniers chapitres de l’Évangile que nous avons évoqués et où l’Église perd son bien-aimé parce qu’il meurt et puis le retrouve et commence à se souvenir de lui comme déjà dans l’enfance la Vierge Marie s’était souvenue de lui. Mettre au monde pour la femme, c’est se séparer de son enfant, c’est le laisser aller, c’est le laisser se séparer et déjà le laisser mourir à elle-même et mettre au monde, c’est quelque chose qui ressemble déjà à laisser mourir, tout simplement, et c’est cela qui sera demandé à l’Église à la fin de l’évangile : c’est que l’Église laisse mourir son bien-aimé, c’est à dire le laisse aller au Père. 

« Pourquoi me cherchez vous ? Je dois être chez mon père » (Luc 2,49). C’est là que j’habite. Quand Jésus meurt pour de bon, l’Église doit le laisser aller au Père, doit le laisser mourir et nous avons remarqué que dans l’évangile de l’enfance, saint Luc attribue à la mère de Jésus cette activité de la mémoire. Nous avons vu aussi que à la fin de l’évangile, quand Jésus meurt ce sont les femmes les premières qui sont appelées à se souvenir. Et de nouveau, c’est assez normal, c’est que les femmes ressentent la mort de Jésus à partir de leur être de femme et de leur être de mère, même si ce ne sont pas elles qui l’ont mis au monde. Elles sont les premières à se souvenir comme nous l’avons vu tout à l’heure. Cette mémoire féminine nous le voyons d’ailleurs a aussi ses tentations propres à elle. Ce sont elles qui sont plus attachées au corps de Jésus et ce sont elles qui vont au tombeau pour l’embaumer. C’est la tentation, peut-on dire, de la mémoire féminine de garder le corps. Tandis que les hommes tels que saint Luc nous les présente auront plus vite rompu. Nous voyons les deux disciples d’Emmaüs : ils partent, c’est fini, ils rompent beaucoup plus vite avec le passé que les femmes ne le font ; ils sont découragés, ils sont tristes, tout à fait décontenancés, mais voilà, c’est une page qui est tournée pour eux et ils peuvent vivre cette rupture avec le passé. Cela, les femmes ne le peuvent pas et c’est par elles que la vraie mémoire s’instaure. C’est elles qui davantage commencent à se souvenir, ce sont elles qui sont appelées à cela. 

À travers tout cela nous pouvons un peu mieux voir que, porter le nom de Sœurs du Saint-Cœur de Marie, cela veut dire entrer dans l’activité même qui a été celle de ce cœur ; c’est entrer dans l’attitude que nous avons essayé d’évoquer, attitude qui est finalement l’attitude essentielle de l’Église : se souvenir de Jésus, garder présents, vivants dans son cœur, les événements, les paroles de Jésus, tout ce qui le concerne. Rencontrer le Ressuscité dans cette mémoire. Vivre vraiment l’Eucharistie, vivre en mémoire de Jésus, intégrer toute sa vie à cette mémoire. La Vierge est le modèle, l’exemple, le type, la figure de cette activité essentielle de l’Église. Elle nous est donnée pour nous aider à entrer dans cette attitude contemplative et priante.

Complétez votre lecture

1. Le cœur chez saint Luc

Le cœur, c’est le lieu des pensées profondes et des interrogations importantes : le lieu où l’on se parle à soi-même et d’où naissent aussi les paroles que nous disons. Et c’est ainsi que le cœur en arrive, dans l’Évangile de saint Luc, à désigner la personne elle-même dans sa décision pour ou contre Dieu.

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3. Mémoire de la résurrection

Pourquoi est-ce que rencontrer le Ressuscité implique toute une activité de la mémoire ? Parce que rencontrer Jésus ressuscité, c’est le rencontrer tout entier ; c’est donc retrouver aussi tout le passé de Jésus, tout ce qu’on a vécu avec lui, toutes ses paroles, tout son mystère.

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4. Une rencontre eucharistique

Si rencontrer Jésus ressuscité, c’est aussi faire mémoire de lui, nous comprenons aussi que la vraie reconnaissance de Jésus ressuscité a lieu dans l’Eucharistie. C’est d’ailleurs le sens profond de la rencontre d’Emmaüs.

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Le Mystère du Cœur de Marie

Le premier chapitre de nos constitutions de 1988 s’intitule : «Notre charisme : Sœurs du Saint-Cœur de Marie». Le texte part d’une double référence, unique dans toute l’Écriture, au cœur de Marie (Lc 2,19 et 2,51), où s’inscrit le rappel de la naissance obscure et de la croissance discrète de l’Enfant Jésus (2,7 et 2,49-51).

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Le cœur immaculé de Marie

La messe du Cœur Immaculé de Marie célèbre, au lendemain du Sacré-Cœur, la miséricorde de Dieu qui a donné à l’Église, avec le Cœur de Jésus, le Cœur de Marie, modèle du cœur nouveau habité par l’Esprit.

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« Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son fils né d’une femme… afin de nous conférer l’adoption filiale » (Ga 4,4). Que l’humanité soit associée à l’œuvre du salut en engageant si étroitement la personne d’une femme, impose à nos théologies une tâche qu’elles sont encore loin d’avoir menée à bien…

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Aujourd’hui

Présenter, sur le modèle d’autrefois, un horaire-type qui reflète notre vie d’aujourd’hui n’est guère possible. La Loi de Vie de 1967 écrivait déjà : « Tu es pauvre du temps qui appartient à Dieu, ce qui nécessite un effort de travail sérieux, dans une totale disponibilité intérieure ». Nos journées n’échappent évidemment pas à toute structure ou à toute rencontre commune, mais c’est la mission qui leur donne forme, à l’intérieur du cadre communautaire : chaque sœur œuvre au nom de toutes là où elle a reçu de la supérieure générale de manifester la mission confiée par l’Église à la Congrégation. La communauté, par des rendez-vous quotidiens (temps de prière, de services et de repas partagés) mais aussi des réunions fréquentes (rencontres d’échanges en tous genres) soutient ainsi la vie de tout le corps, grâce à une miséricorde toujours à recevoir à nouveau ensemble de la Bonté de Dieu.

Les Constitutions de 1988, demandent, au chapitre sur la pauvreté, que « chaque communauté adapte son style de vie aux nécessités des personnes et de l’apostolat ». L’écoute persistante de « ce que l’Esprit dit aux Églises » – dans la Congrégation, la communauté et l’existence de chacune – modèle ainsi le temps commun et personnel, que ce soit à l’échelle de la journée, de la semaine ou de l’année. Et c’est, comme autrefois, toujours dans l’Eucharistie que l’oraison personnelle, les temps de récollections ou de retraites, et les autres formes de ressourcement trouvent leur fondement et leur sommet.

1923

D’après les notes manuscrites de Sœur Marie-Claire (1981 et 1985)

4h30
4h30

Lever

«On ne sonnait pas quand les pensionnaires étaient là. Sœur Antonia passait dans les dortoirs en disant : “Venite, Adoremus”»

5h00-6h00
5h00-6h00

Prière du matin

«À la chapelle ; on descendait en pantoufles.
Prière du matin ; très longue, environ 20 minutes. Une suite de prières dont j’ai oublié le texte. Il y avait entre autres les 10 commandements de Dieu, les 5 commandements de l’Église, tous les actes, et cela se terminait par : “Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu ?”. Méditation jusque 6h00. La Révérende Mère s’asseyait, le dos au mur, à côté du confessionnal, lisait passage par passage la méditation, le saint du jour ou un livre de la spiritualité de l’époque, souvent d’un jésuite.»

6h00-6h30
6h00-6h30

«Temps libre pour mettre ses souliers.
Certaines s’occupaient du lever des enfants qui allaient toutes à la messe, sauf celles du petit dortoir.»

6h30
6h30

Messe

7h15
7h15

Petit déjeuner

«Déjeuner, toujours en silence ; chaque vendredi à genoux. Lecture par la Révérende Mère de quelque passage de la Sainte Règle.»

8h30-11h45
8h30-11h45

Classes

«Après déjeuner, on allait à son travail.
Les classes commençaient à 8h30.»

11h45
11h45

Prière et examen

«Examen à la chapelle, terminé par l’Angelus.» Elle ajoute : «C’est notre sœur Laurence qui m’a, mot à mot, appris les 5 points d’examen selon saint Ignace. Je m’en sers encore.»

12h00-12h30
12h00-12h30

Dîner

«Dîner. Début en silence. Chacune avait son tour pour la lecture. Au dîner, une sœur lisait une vie de saints (je l’ai fait longtemps).»

12h30-13h00
12h30-13h00

Récréation

«Récréation en communauté. Aucune ne pouvait quitter la place sans permission.»

13h30-16h00
13h30-16h00

Travail

À 16h00 : «Goûter en silence»

16h15
16h15

Visite au Saint-Sacrement

«La Révérende Mère disait une prière et puis 5 Pater, 5 Ave, les bras en croix.»

17h45
17h45

Instruction

«On se réunissait en communauté. Lecture jusque 18h30. La Révérende mère lisait des livres de formation religieuse. On pouvait coudre pendant cette lecture.»

18h30
18h30

Prière

«Salut mercredi, jeudi, samedi. Les autres jours, chapelet et litanies de la Sainte Vierge.»

19h00
19h00

Souper en silence

18h30-20h30
18h30-20h30

Récréation en communauté

20h30
20h30

Prière du soir

«Examen de conscience dont les points différaient. Consécration au Sacré-Cœur devant la statue du Sacré-Cœur dans le corridor. La Révérende Mère donnait la bénédiction.»

21h30
21h30

Coucher

«Coucher rapide. Tout était éteint ¼ d’heure après.»

1869

D’après les Premières Constitutions

5h00
5h00

Lever

5h30
5h30

Oraison

À 5h30, l’oraison commence par l’Angelus, et s'achève par la «revue de l’oraison»

7h00
7h00

Messe

7h30
7h30

Petit déjeuner

8h00-11h15
8h00-11h15

Classe

Le temps de classe pour les enfants est interrompu à 10h00 par la récréation qui se poursuit par l’étude.

11h30
11h30

Dîner des enfants

11h45
11h45

Examen particulier

12h00
12h00

Dîner

Le dîner des Sœurs est précédé de l’Angelus et du Benedicite. Il se conclut par les Grâces. Un temps de lecture et de récréation le poursuit.

13h30-16h00
13h30-16h00

Classes

Le temps de classes de l'après-midi est suivi du goûter des enfants.

16h15
16h15

Visite au Saint-Sacrement

16h30
16h30

Chapelet des élèves

18h00
18h00

Instruction

19h00
19h00

Méditation

19h30
19h30

Souper

20h00-21h00
20h00-21h00

Récréation

Constitutions 1869 : «À neuf heures moins 5 minutes, réunions extraordinaires de la communauté par ordre de la supérieure.»

20h00-21h00
20h00-21h00

Prière du soir

À la prière du soir, on lit les points d’oraison du lendemain, et on fait l’examen de conscience.

21h30
21h30

Couvre-feu

«Un quart d’heure avant la fin de la prière de l’examen, la visitatrice sonnera le coucher par trois coups ; à ce signal, toutes les personnes de la maison doivent se mettre au lit, si elles n’y sont déjà, et éteindre la lumière.»