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Sœurs du Saint-Cœur de Marie

3. Mémoire de la résurrection

Nous le comprendrons mieux, je crois, après avoir vu le rôle de la mémoire dans la foi en Jésus ressuscité au ch. 24 de saint Luc. Quand les femmes vont au tombeau, elles ne trouvent pas ce qu’elles cherchaient. Elles cherchaient le corps de Jésus et elles ne le trouvent pas : elles rencontrent deux hommes qui les invitent à se souvenir. Ce que les deux hommes leur disent en Luc 24,5 : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Souvenez-vous – voilà l’appel au souvenir –, souvenez-vous comment il vous parlé quand il était encore en Galilée, il vous disait : il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que le troisième jour il ressuscite » ; et alors, continue l’Évangile, « elles se souvinrent de ces paroles ». Et ce souvenir est essentiel à leur expérience de Jésus ressuscité parce que, si nous regardons bien dans l’Évangile de saint Luc, il n’est pas dit qu’elles ont vu autre chose que ces deux hommes qui leur ont dit cela. Et c’est à partir de cela qu’elles vont, après, annoncer aux apôtres que Jésus est vivant – comme les disciples d’Emmaüs le disent à Jésus qui les rencontre sur le chemin. Donc, elles ont commencé à se souvenir et dans ce souvenir elles ont rencontré le Ressuscité.

Et si nous prenons l’expérience qui suit, l’expérience des disciples d’Emmaüs, c’est encore plus clair, en un sens. Jésus leur dit à un moment donné : « Ô cœurs sans intelligence, lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes, ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? Et commençant par Moïse et parcourant les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Luc 24,25). « Ne fallait-il pas » – je vous l’ai dit pourtant – « que le Christ souffrit pour entrer dans sa gloire ». Et non seulement Jésus les fait se souvenir de ce qu’il leur a dit, mais encore il les fait se souvenir de toute l’Écriture. Et il leur interprète dans toute l’Écriture ce qui le concernait, dans Moïse, les Psaumes, etc.

 Et même chose dans la scène qui suit quand Jésus apparaît aux Onze qui sont rassemblés. Il leur dit : « ce sont là, les paroles que je vous avais déjà dites quand j’étais encore avec vous. Il faut que s’accomplisse tout ce qui se trouve écrit de moi dans la loi de Moïse, les prophètes et les Psaumes : alors il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures » (Luc 24,44-46) ; et il leur dit aussi : « ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et se lèverait d’entre les morts le troisième jour ». Ici encore le Ressuscité rappelle ses propres déclarations et affirmations de l’Écriture. Ce que Jésus met en route, c’est leur mémoire, et la rencontre du Ressuscité pour eux, c’est d’abord se souvenir. Et pourquoi est-ce que rencontrer le Ressuscité implique toute une activité de la mémoire ? Parce que rencontrer Jésus ressuscité, c’est le rencontrer tout entier ; c’est donc retrouver aussi tout le passé de Jésus, tout ce qu’on a vécu avec lui, toutes ses paroles, tout son mystère. Rencontrer le Ressuscité, c’est rencontrer aussi tout son passé pas seulement son passé depuis sa naissance, mais son plus lointain passé parce que le plus lointain passé de Jésus, c’est l’Ancien Testament. Croire au Ressuscité, pour Luc surtout qui est très sensible à cette dimension de l’histoire, c’est voir comment le Ressuscité rassemble en lui toute l’histoire, tout l’Ancien Testament, tout ce qui avait été prédit, tout ce qui était dit dans les psaumes, dans Moïse, dans les prophètes ; comment Jésus rassemble toute cette histoire, la lie. Toute cette histoire qui était encore en morceaux pour les hommes, on ne la comprenait pas encore bien, Jésus en fait tout à coup une unité et lui donne un sens, si bien que, maintenant, tous les événements du passé sont reliés, éclairés et reçoivent leur signification définitive. Croire, c’est percevoir l’histoire humaine comme une histoire du salut et cela, en Jésus ressuscité. Cela implique donc tout une activité de la mémoire et du souvenir puisqu’il faut que tout le passé soit présent en nous pour que nous puissions voir comment il est repris et accompli en Jésus.

Et cela qui est vrai pour l’histoire humaine, pour l’Ancien Testament aussi, c’est vrai de nos histoires à tous. Croire en Jésus, c’est voir comment Jésus prend toute notre vie prend même tous nos péchés, toutes nos fautes, finalement Jésus peut redonner un sens même à tout cela et en faire une histoire qui a finalement un sens et ce qui pour nous, nous apparaissait comme cassé en mille morceaux redevient une unité, redevient quelque chose qui chante comme un morceau de musique où tout s’enchaîne, où tout est lié de l’intérieur. Et on peut même dire d’une certaine manière que c’est dans la mémoire que le Ressuscité apparaît vraiment. C’est particulièrement visible dans l’expérience des disciples d’Emmaüs. 

C’est assez curieux cette expérience si on y regarde bien. Rappelons-nous ce qui nous est dit : « leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent mais il avait disparu. Et ils se dirent l’un à l’autre : notre cœur n’était-il pas tout brûlant au dedans de nous quand il nous parlait en chemin et qu’il nous expliquait les Écritures ? » (Luc 24,31-32). À ce moment-là, ils sont sûrs qu’ils ont rencontré le Ressuscité. Vous voyez c’est après sa disparition sensible, dans le souvenir, qu’ils rencontrent vraiment Jésus ressuscité ; c’est après seulement qu’ils se rendent compte que leur cœur était brûlant à ce moment-là. Cela, c’est une loi de notre rencontre de Dieu et de Jésus ressuscité. Nous sommes toujours en retard sur Dieu et c’est toujours après coup que nous nous rendons compte que nous l’avons rencontré et donc, ce n’est jamais que dans notre mémoire, dans notre souvenir que nous rencontrons à fond Dieu et Jésus ressuscité et la vraie reconnaissance a lieu dans le souvenir de la présence visible.

Complétez votre lecture

1. Le cœur chez saint Luc

Le cœur, c’est le lieu des pensées profondes et des interrogations importantes : le lieu où l’on se parle à soi-même et d’où naissent aussi les paroles que nous disons. Et c’est ainsi que le cœur en arrive, dans l’Évangile de saint Luc, à désigner la personne elle-même dans sa décision pour ou contre Dieu.

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4. Une rencontre eucharistique

Si rencontrer Jésus ressuscité, c’est aussi faire mémoire de lui, nous comprenons aussi que la vraie reconnaissance de Jésus ressuscité a lieu dans l’Eucharistie. C’est d’ailleurs le sens profond de la rencontre d’Emmaüs.

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5. Le Cœur de Marie

Porter le nom de Sœurs du Saint-Cœur de Marie, cela veut dire entrer dans l’activité même qui a été celle de ce cœur : se souvenir de Jésus, garder présents, vivants dans son cœur, les événements, les paroles de Jésus, tout ce qui le concerne.

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Aujourd’hui

Présenter, sur le modèle d’autrefois, un horaire-type qui reflète notre vie d’aujourd’hui n’est guère possible. La Loi de Vie de 1967 écrivait déjà : « Tu es pauvre du temps qui appartient à Dieu, ce qui nécessite un effort de travail sérieux, dans une totale disponibilité intérieure ». Nos journées n’échappent évidemment pas à toute structure ou à toute rencontre commune, mais c’est la mission qui leur donne forme, à l’intérieur du cadre communautaire : chaque sœur œuvre au nom de toutes là où elle a reçu de la supérieure générale de manifester la mission confiée par l’Église à la Congrégation. La communauté, par des rendez-vous quotidiens (temps de prière, de services et de repas partagés) mais aussi des réunions fréquentes (rencontres d’échanges en tous genres) soutient ainsi la vie de tout le corps, grâce à une miséricorde toujours à recevoir à nouveau ensemble de la Bonté de Dieu.

Les Constitutions de 1988, demandent, au chapitre sur la pauvreté, que « chaque communauté adapte son style de vie aux nécessités des personnes et de l’apostolat ». L’écoute persistante de « ce que l’Esprit dit aux Églises » – dans la Congrégation, la communauté et l’existence de chacune – modèle ainsi le temps commun et personnel, que ce soit à l’échelle de la journée, de la semaine ou de l’année. Et c’est, comme autrefois, toujours dans l’Eucharistie que l’oraison personnelle, les temps de récollections ou de retraites, et les autres formes de ressourcement trouvent leur fondement et leur sommet.

1923

D’après les notes manuscrites de Sœur Marie-Claire (1981 et 1985)

4h30
4h30

Lever

«On ne sonnait pas quand les pensionnaires étaient là. Sœur Antonia passait dans les dortoirs en disant : “Venite, Adoremus”»

5h00-6h00
5h00-6h00

Prière du matin

«À la chapelle ; on descendait en pantoufles.
Prière du matin ; très longue, environ 20 minutes. Une suite de prières dont j’ai oublié le texte. Il y avait entre autres les 10 commandements de Dieu, les 5 commandements de l’Église, tous les actes, et cela se terminait par : “Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu ?”. Méditation jusque 6h00. La Révérende Mère s’asseyait, le dos au mur, à côté du confessionnal, lisait passage par passage la méditation, le saint du jour ou un livre de la spiritualité de l’époque, souvent d’un jésuite.»

6h00-6h30
6h00-6h30

«Temps libre pour mettre ses souliers.
Certaines s’occupaient du lever des enfants qui allaient toutes à la messe, sauf celles du petit dortoir.»

6h30
6h30

Messe

7h15
7h15

Petit déjeuner

«Déjeuner, toujours en silence ; chaque vendredi à genoux. Lecture par la Révérende Mère de quelque passage de la Sainte Règle.»

8h30-11h45
8h30-11h45

Classes

«Après déjeuner, on allait à son travail.
Les classes commençaient à 8h30.»

11h45
11h45

Prière et examen

«Examen à la chapelle, terminé par l’Angelus.» Elle ajoute : «C’est notre sœur Laurence qui m’a, mot à mot, appris les 5 points d’examen selon saint Ignace. Je m’en sers encore.»

12h00-12h30
12h00-12h30

Dîner

«Dîner. Début en silence. Chacune avait son tour pour la lecture. Au dîner, une sœur lisait une vie de saints (je l’ai fait longtemps).»

12h30-13h00
12h30-13h00

Récréation

«Récréation en communauté. Aucune ne pouvait quitter la place sans permission.»

13h30-16h00
13h30-16h00

Travail

À 16h00 : «Goûter en silence»

16h15
16h15

Visite au Saint-Sacrement

«La Révérende Mère disait une prière et puis 5 Pater, 5 Ave, les bras en croix.»

17h45
17h45

Instruction

«On se réunissait en communauté. Lecture jusque 18h30. La Révérende mère lisait des livres de formation religieuse. On pouvait coudre pendant cette lecture.»

18h30
18h30

Prière

«Salut mercredi, jeudi, samedi. Les autres jours, chapelet et litanies de la Sainte Vierge.»

19h00
19h00

Souper en silence

18h30-20h30
18h30-20h30

Récréation en communauté

20h30
20h30

Prière du soir

«Examen de conscience dont les points différaient. Consécration au Sacré-Cœur devant la statue du Sacré-Cœur dans le corridor. La Révérende Mère donnait la bénédiction.»

21h30
21h30

Coucher

«Coucher rapide. Tout était éteint ¼ d’heure après.»

1869

D’après les Premières Constitutions

5h00
5h00

Lever

5h30
5h30

Oraison

À 5h30, l’oraison commence par l’Angelus, et s'achève par la «revue de l’oraison»

7h00
7h00

Messe

7h30
7h30

Petit déjeuner

8h00-11h15
8h00-11h15

Classe

Le temps de classe pour les enfants est interrompu à 10h00 par la récréation qui se poursuit par l’étude.

11h30
11h30

Dîner des enfants

11h45
11h45

Examen particulier

12h00
12h00

Dîner

Le dîner des Sœurs est précédé de l’Angelus et du Benedicite. Il se conclut par les Grâces. Un temps de lecture et de récréation le poursuit.

13h30-16h00
13h30-16h00

Classes

Le temps de classes de l'après-midi est suivi du goûter des enfants.

16h15
16h15

Visite au Saint-Sacrement

16h30
16h30

Chapelet des élèves

18h00
18h00

Instruction

19h00
19h00

Méditation

19h30
19h30

Souper

20h00-21h00
20h00-21h00

Récréation

Constitutions 1869 : «À neuf heures moins 5 minutes, réunions extraordinaires de la communauté par ordre de la supérieure.»

20h00-21h00
20h00-21h00

Prière du soir

À la prière du soir, on lit les points d’oraison du lendemain, et on fait l’examen de conscience.

21h30
21h30

Couvre-feu

«Un quart d’heure avant la fin de la prière de l’examen, la visitatrice sonnera le coucher par trois coups ; à ce signal, toutes les personnes de la maison doivent se mettre au lit, si elles n’y sont déjà, et éteindre la lumière.»