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Sœurs du Saint-Cœur de Marie

« Et malgré tout ça, nous ne sommes ni mortes, ni saintes, ce qui est pire !
Pour terminer, j’ajoute que la vie religieuse m’a toujours rendue heureuse ».
Sœur Marie-Claire
Yvonne Van Hiel
21 décembre 1905

Naissance

18 octobre 1923

Entrée chez les Sœurs du Saint-Cœur de Marie de Malaise/La Hulpe

5 septembre 1925

Vœux temporaires

1er septembre 1928

Vœux perpétuels

19 mai 1993

Décès à La Hulpe

Quick et Flupke et l’agent 15 réalisés par sœur Marie-Claire pour une fancy fair

A enseigné en primaires et en gardiennes dans plusieurs maisons. Musicienne dans l’âme, tenant les orgues et donnant des leçons de solfège ainsi que de travaux manuels. Éducatrice du groupe des grandes filles en 1953, au début de l’œuvre de l’Enfance moralement abandonnée. Très douée pour les contacts avec anciennes et familles. Sténodactylographe éprouvée. Remarquablement habile dans la fabrication et le garnissage de poupées, pantins, sacs… en vue des «Fancy fairs». Impliquée longtemps dans les groupes d’acolytes et autres messes paroissiales, elle était aussi une grande admiratrice de Thérèse de l’Enfant Jésus.

Elle fut à Aywaille la secrétaire des premiers interrogatoires de Mariette Beco, après les apparitions de 1933 (Banneux) et en garda de profondes impressions ; elle prépara d’ailleurs Mariette à sa communion (première ? solennelle ?), et la déclarait incapable d’invention ou de mensonge. Elle fut longtemps conseillère, et porta toujours le souci de la Congrégation.

Souvenirs de 1923, écrits entre 1982 et 1985

Je suis entrée le 18 octobre 1923. Tout m’a semblé naturel malgré la pauvreté de notre genre de vie. Ce qui m’a coûté le plus, c’était de manger avec un couvert en bois que l’on essuyait avec un papier. J’ignore en quelle année on a eu des couverts en métal. Par contre, on avait chacune une serviette amidonnée. On a toujours pris grand soin de la santé des Sœurs. J’insiste sur ce point, cela m’a toujours frappée. Lorsqu’on avait cassé un objet, on devait s’accuser à genoux et demander une pénitence. Pour ma part, j’ai cassé la machine à écrire dont sœur Marie-Louise se servait. Elle a été admirable en cette circonstance. La Révérende Mère m’a simplement dit : ‘Eh bien, ma fille, recollez les morceaux, maintenant’. Pour certaines fautes plus graves, on devait prendre son repas au milieu du réfectoire, sur une petite chaise boiteuse, et attendre qu’on nous serve. J’ai dû le faire pendant 8 jours car j’avais été pendre un pantin au-dessus du lit de sœur Laurence. Tous les travaux se faisaient avec le costume complet. J’étais déjà professe quand on a pu mettre un grand tablier à manches pour les gros travaux. Et malgré tout ça, nous ne sommes ni mortes, ni saintes, ce qui est pire ! Pour terminer, j’ajoute que la vie religieuse m’a toujours rendue heureuse.

Souvenirs de 1923, écrits entre 1982 et 1985

Le 10 mai 40, à la déclaration de la guerre (…), les gens pris de panique nous ont supplié de quitter l’habit religieux, de crainte des Allemands. Je leur ai répondu : « Si je dois mourir, ce sera avec l’habit, je ne l’enlèverai pas ! ». Le dimanche 12 mai, Pentecôte, nous étions Sœur François d’Assise et moi devant l’église à nous demander ce qu’on allait faire. Le curé partait, toute la famille Gérard quittait en nous demandant de les accompagner. À ce moment, le pont sautait et nous attrapions des pierres autour de nous. Nous sommes rentrées en courant à la maison. À ce moment, on sonne à la porte, j’ouvre, c’était une maman entourée de ses 6 enfants et elle était malade, elle avait eu la veille un bébé mort-né. Je dis à Sœur François d’Assise : « Voilà la réponse, nous devons rester ». J’ai mis cette femme dans mon lit, je l’ai soignée, et le soir de ce même jour, nous étions 42 dans la cave de l’école. Je ne sais plus combien de temps ces gens sont restés. Il fallait les nourrir et la seule chose que nous avions, c’était 350 œufs qu’on venait de mettre dans un pot en grès. Nous avons trouvé de la farine je ne sais plus où et nous avons cuit du pain. Après quelques jours, le calme est revenu, ces gens sont retournés chez eux et pour ce que nous avions fait, ils se sont cotisés pour nous acheter une cuisinière. (…) Après quelques jours, les classes ont repris normalement. Nous n’avons pas eu d’Allemands au village. Vers la fin mai, deux soldats sont venus sonner pour demander le chemin ; un me dit : « La guerre est finie pour vous, vous êtes maintenant allemands ». Moi j’ai sursauté et un vrai cri m’a échappé : « ça, jamais ! ». Ils n’ont rien dit et sont repartis. (…) Au début de la guerre, des soldats français sont arrivés et ont demandé d’établir une ambulance dans l’école. Nous avons accepté et nous nous sommes présentées pour aider. Ils ont installé des lits et le nécessaire pour soigner les blessés. Le lendemain matin, quand nous sommes descendues, tout avait disparu. Seul on a trouvé un papier sur lequel était écrit : « Veuillez s’il vous plaît donner une sépulture chrétienne à deux compagnons abattus au front, nous les avons portés à l’intérieur de la première maison à côté du pont ». Sœur Marie François d’Assise et moi sommes allées à cette maison où en effet étaient mis l’un à côté de l’autre deux jeunes soldats français. Sœur Marie-François d’Assise avait très peur ; je lui ai demandé qu’elle creuse la fosse au jardin pendant que moi je vidais leurs poches. J’avais pris deux boîtes en fer dans lesquelles j’ai mis ce qu’ils avaient en poche. J’ai retenu leurs noms. C’étaient deux sergents : Yvon Fournier et Jean Fouré. Nous avons pris deux couvertures pour les y mettre avant de les mettre en terre. Un n’avait qu’un tout petit filet de sang qui coulait de sa bouche. L’autre avait le dos en bouillie et ce ne fut pas facile de le mettre en terre. C’est à la fin de la guerre que les familles sont venues et que j’ai su leur remettre les boîtes dans lesquelles ils ont trouvé les dernières lettres. On les avait portés au cimetière deux ou trois mois après que nous les avions mis en terre. Un est retourné en France, l’autre est toujours à Huccorgne. (…) Les Allemands sont venus enlever les cloches de l’église. La Maman de Sœur Marie-Cécile m’a fait chercher et m’a demandé de jouer la Brabançonne pendant que les cloches roulaient au bas du talus. (…) J’ai fait une liste de tous les soldats de Huccorgne, j’avais encadré cette liste, elle est restée sur l’autel de la Sainte Vierge pendant toute la guerre. J’avais entouré le cadre d’un large ruban tricolore dont j’ai toujours un morceau dans mon missel ».
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Mère Gonzague

Sœur Gonzague, qui fit à Alsemberg sa première profession religieuse le 4 septembre 1841, et sa profession perpétuelle le 7 septembre 1842, est élue, le 26 mai 1863, première supérieure du petit couvent de La Hulpe – elle sera réélue jusqu’à sa mort.

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Institutrice, catéchiste, Mère Véronique devint maîtresse des novices puis supérieure générale. Pour avoir accueilli au pensionnat de La Hulpe des dizaines d’enfants cachés pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fut décorée, post-mortem, du titre de «Juste parmi les Nations».

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Aujourd’hui

Présenter, sur le modèle d’autrefois, un horaire-type qui reflète notre vie d’aujourd’hui n’est guère possible. La Loi de Vie de 1967 écrivait déjà : « Tu es pauvre du temps qui appartient à Dieu, ce qui nécessite un effort de travail sérieux, dans une totale disponibilité intérieure ». Nos journées n’échappent évidemment pas à toute structure ou à toute rencontre commune, mais c’est la mission qui leur donne forme, à l’intérieur du cadre communautaire : chaque sœur œuvre au nom de toutes là où elle a reçu de la supérieure générale de manifester la mission confiée par l’Église à la Congrégation. La communauté, par des rendez-vous quotidiens (temps de prière, de services et de repas partagés) mais aussi des réunions fréquentes (rencontres d’échanges en tous genres) soutient ainsi la vie de tout le corps, grâce à une miséricorde toujours à recevoir à nouveau ensemble de la Bonté de Dieu.

Les Constitutions de 1988, demandent, au chapitre sur la pauvreté, que « chaque communauté adapte son style de vie aux nécessités des personnes et de l’apostolat ». L’écoute persistante de « ce que l’Esprit dit aux Églises » – dans la Congrégation, la communauté et l’existence de chacune – modèle ainsi le temps commun et personnel, que ce soit à l’échelle de la journée, de la semaine ou de l’année. Et c’est, comme autrefois, toujours dans l’Eucharistie que l’oraison personnelle, les temps de récollections ou de retraites, et les autres formes de ressourcement trouvent leur fondement et leur sommet.

1923

D’après les notes manuscrites de Sœur Marie-Claire (1981 et 1985)

4h30
4h30

Lever

«On ne sonnait pas quand les pensionnaires étaient là. Sœur Antonia passait dans les dortoirs en disant : “Venite, Adoremus”»

5h00-6h00
5h00-6h00

Prière du matin

«À la chapelle ; on descendait en pantoufles.
Prière du matin ; très longue, environ 20 minutes. Une suite de prières dont j’ai oublié le texte. Il y avait entre autres les 10 commandements de Dieu, les 5 commandements de l’Église, tous les actes, et cela se terminait par : “Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu ?”. Méditation jusque 6h00. La Révérende Mère s’asseyait, le dos au mur, à côté du confessionnal, lisait passage par passage la méditation, le saint du jour ou un livre de la spiritualité de l’époque, souvent d’un jésuite.»

6h00-6h30
6h00-6h30

«Temps libre pour mettre ses souliers.
Certaines s’occupaient du lever des enfants qui allaient toutes à la messe, sauf celles du petit dortoir.»

6h30
6h30

Messe

7h15
7h15

Petit déjeuner

«Déjeuner, toujours en silence ; chaque vendredi à genoux. Lecture par la Révérende Mère de quelque passage de la Sainte Règle.»

8h30-11h45
8h30-11h45

Classes

«Après déjeuner, on allait à son travail.
Les classes commençaient à 8h30.»

11h45
11h45

Prière et examen

«Examen à la chapelle, terminé par l’Angelus.» Elle ajoute : «C’est notre sœur Laurence qui m’a, mot à mot, appris les 5 points d’examen selon saint Ignace. Je m’en sers encore.»

12h00-12h30
12h00-12h30

Dîner

«Dîner. Début en silence. Chacune avait son tour pour la lecture. Au dîner, une sœur lisait une vie de saints (je l’ai fait longtemps).»

12h30-13h00
12h30-13h00

Récréation

«Récréation en communauté. Aucune ne pouvait quitter la place sans permission.»

13h30-16h00
13h30-16h00

Travail

À 16h00 : «Goûter en silence»

16h15
16h15

Visite au Saint-Sacrement

«La Révérende Mère disait une prière et puis 5 Pater, 5 Ave, les bras en croix.»

17h45
17h45

Instruction

«On se réunissait en communauté. Lecture jusque 18h30. La Révérende mère lisait des livres de formation religieuse. On pouvait coudre pendant cette lecture.»

18h30
18h30

Prière

«Salut mercredi, jeudi, samedi. Les autres jours, chapelet et litanies de la Sainte Vierge.»

19h00
19h00

Souper en silence

18h30-20h30
18h30-20h30

Récréation en communauté

20h30
20h30

Prière du soir

«Examen de conscience dont les points différaient. Consécration au Sacré-Cœur devant la statue du Sacré-Cœur dans le corridor. La Révérende Mère donnait la bénédiction.»

21h30
21h30

Coucher

«Coucher rapide. Tout était éteint ¼ d’heure après.»

1869

D’après les Premières Constitutions

5h00
5h00

Lever

5h30
5h30

Oraison

À 5h30, l’oraison commence par l’Angelus, et s'achève par la «revue de l’oraison»

7h00
7h00

Messe

7h30
7h30

Petit déjeuner

8h00-11h15
8h00-11h15

Classe

Le temps de classe pour les enfants est interrompu à 10h00 par la récréation qui se poursuit par l’étude.

11h30
11h30

Dîner des enfants

11h45
11h45

Examen particulier

12h00
12h00

Dîner

Le dîner des Sœurs est précédé de l’Angelus et du Benedicite. Il se conclut par les Grâces. Un temps de lecture et de récréation le poursuit.

13h30-16h00
13h30-16h00

Classes

Le temps de classes de l'après-midi est suivi du goûter des enfants.

16h15
16h15

Visite au Saint-Sacrement

16h30
16h30

Chapelet des élèves

18h00
18h00

Instruction

19h00
19h00

Méditation

19h30
19h30

Souper

20h00-21h00
20h00-21h00

Récréation

Constitutions 1869 : «À neuf heures moins 5 minutes, réunions extraordinaires de la communauté par ordre de la supérieure.»

20h00-21h00
20h00-21h00

Prière du soir

À la prière du soir, on lit les points d’oraison du lendemain, et on fait l’examen de conscience.

21h30
21h30

Couvre-feu

«Un quart d’heure avant la fin de la prière de l’examen, la visitatrice sonnera le coucher par trois coups ; à ce signal, toutes les personnes de la maison doivent se mettre au lit, si elles n’y sont déjà, et éteindre la lumière.»