
20 mai 1820
Naissance à Walcourt
1838
Entrée chez les Sœurs d’Alsemberg
4 septembre 1841
Vœux temporaires
7 septembre 1842
Vœux perpétuels
6 septembre 1859
Départ, avec trois de ses sœurs, du couvent d’Alsemberg vers La Hulpe
26 mai 1863
Élue première supérieure du petit couvent de La Hulpe, après avoir refusé de devenir Supérieure générale de la Congrégation d’Alsemberg
1886
Décès à La Hulpe
Nous savons bien peu de choses de la carrière d’Antoinette Cornet. Ses parents, François-Joseph Cornet et Antoinette D’Espineto se marient le 19 mai 1819 à Erpion, près de Walcourt, qui doit être la paroisse de la mère. Le 20 mai 1820 naît notre Antoinette, à trois heures du matin, à Walcourt, province de Namur. Elle aura deux ou trois frères et une sœur en vie, sans compter l’un ou l’autre décès. Son père est boucher, sa mère, ménagère.
En 1838, sœur Gonzague, après avoir achevé son éducation à Pesche, entra au couvent d’Alsemberg comme novice. Elle avait 18 ans. Elle y vécut durant vingt ans, occupée, d’abord à sa propre formation, puis dans la charge de maîtresse au Pensionnat et enfin, dans celle bien délicate de maîtresse des Novices.
Malheureusement, Alsemberg manquait encore toujours d’une organisation définitive. Les règles, composées de quelques fragments de celles des Sœurs de Notre-Dame, n’avaient jamais reçu d’approbation ecclésiastique. Aussi, sur le conseil de sages directeurs spirituels, sœur Gonzague pria humblement, mais avec instance, Son Éminence le Cardinal Sterckx, archevêque de Malines, de pouvoir se retirer dans une affiliation ou d’entrer dans quelque autre couvent bien fervent.
Cette démarche aboutit à la fondation (en 1859) de la Maison de La Hulpe, berceau de notre future Congrégation. En 1863, au moment du décès de Mère Thérèse, fondatrice d’Alsemberg, sœur Gonzague refusa la charge de Supérieure Générale. La même année, Son Éminence le Cardinal archevêque décida que La Hulpe serait maison indépendante d’Alsemberg, ainsi que Waterloo, autre affiliation qui avait été fondée avant 1859.
L’arrivée à La Hulpe
« Nous partîmes d’Alsemberg le 6 septembre 1859 après le dîner, et arrivâmes à La Hulpe vers le soir, dans une maison sans pain, sans feu, sans lumière, n’ayant pour lit que deux paillasses et une couverture. Le reste de l’ameublement était à l’avènement (corr: avenant)… Et pourtant, malgré les privations que nous prévoyions encore, nous étions bien joyeuses !… L’hiver fut rigoureux, et les ressources absolument insuffisantes.
Nous faisions du feu avec des cendres que le directeur de la papeterie nous permettait de chercher, aussi l’air était glacé et humide et nous étions parfois bien aises d’être obligées d’aller, pour les affaires, dans l’une ou l’autre maison où, pendant quelques minutes nous pouvions respirer un air moins froid et moins humide. La nourriture était des plus ordinaires.
Nous ne vivions pour ainsi dire que de carottes et de navets que de braves gens nous donnaient et de pommes de terre si mauvaises qu’on ne pouvait les peler qu’après leur cuisson. »
La Sainte Vierge pour unique supérieure (et le fromage blanc au lieu du beurre)
« Le lendemain de notre arrivée, le 7 septembre, la quatrième sœur conduite par la Mère Supérieure d’Alsemberg arriva se joindre à nous. Avant le départ de Mère Thérèse nous nous rendîmes dans le chœur de l’église et là, au pied du Tabernacle où reposait le Très Saint Sacrement, nous prononçâmes, non sans émotion, un acte de consécration, par lequel nous établîmes comme notre seule Supérieure la Très sainte Vierge Marie.
(…) Nos deux premières pensionnaires partageaient notre indigence. Elles rapportaient de leurs promenades des morceaux de bois sec ou de houille ramassés discrètement. Elles se faisaient en toutes choses aussi économes que nous, dans l’espoir qu’elles caressaient avec nous d’habiter un jour un beau couvent avec une chapelle possédant le très Saint Sacrement.
Par économie nous prenions du lait battu cru que des fermiers nous donnaient, au lieu de café, et nous nous contentions de ne manger du pain qu’au déjeûner et au goûter ; nous y mettions du fromage blanc en place de beurre. Plus tard, quand nos moyens nous le permirent nous achetâmes toutes les semaines une demi-dépouille de vache (1/2 tête, 1 poumon, 1/2 foie, 1/2 cœur) pour 2F50. C’était la provision pour huit jours. Aux jours de fêtes solennelles, nous tuions un lapin que nous avions élevé nous-mêmes: c’était un régal ! »
Tout ce que vous ne saviez pas qu’on peut faire avec des tapis…
« Assez longtemps nos sœurs ont été obligées de dormir sur une paillasse étendue par terre, faute de lits et de literies. Pour célébrer la fête de Noël dans notre petit oratoire, l’église nous avait prêté quelques vieux tapis. On ne fut pas pressé pour les redemander : nous nous en sommes servi tout l’hiver en guise de couvertures. L’hiver suivant nous trouvâmes l’occasion d’acheter à Bruxelles de vieux tapis pour cinq francs. Nous les transformâmes en couvertures, et les plus légers… en jupons de dessous. C’était assez bizarre, quoique pourtant nous avions déployé le luxe de les teindre en noir. N’importe, nous les avons porté (sic) bien des années… Une sœur confectionnait les chaussures ».
Des lettres de Mère Gonzague à Melle la Vicomtesse Vilain XIIII
3 septembre (1866 ? 1867 ?)
« En ce moment, le Bon Dieu nous a donné une mission nouvelle, nous sommes devenues les gardes malades de tout le village, en nous dévouant au service des malheureuses victimes du choléra. Sans nous, elles mourraient sans secours. Le premier cas a eu lieu le jeudi 30. En quelques heures, un père de famille fut emporté, laissant sept orphelins en bas âge ; le vendredi suivant, sa femme et deux autres personnes succombèrent… Nous ne devons pas seulement soigner les malades, mais ensevelir les morts, les mettre dans le cercueil… on voulait même que nous les portions au cimetière, mais cela, je l’ai refusé net. »
Après six semaines de labeur et de dévouement, de crainte et d’angoisse l’épidémie cessa.
6 DIAPORAMAS SONORES
MÈRE GONZAGUE, UNE FEMME ROBUSTE DANS UN SIÈCLE TURBULENT
Conférence de Kristien Suenens, La Hulpe, 24 novembre 2018